La respiration du super-organisme

feuilles coupées forment planète et C02

 

Comme vous le savez sans doute, en myrmécologie, on accorde souvent beaucoup plus d’importance à la colonie qu’à l’individu, à un point tel que la plupart des spécialistes contemporains s’accordent pour considérer la colonie comme un « super-organisme » dont la reine serait l’organe reproducteur, les ouvrières les différentes cellules constituant l’organisme avec des fonctions et adaptations variées !

Très rapidement, vos différents modules vont se remplir d’une multitude d’ouvrières, de larves, d’œufs et bien sûr de champignon qui formera la structure du nid !

Tout ce petit monde respire, rejette du CO2, du CO ; si on ajoute à cela les déchets en décomposition, la dégradation par le champignon des fragments végétaux, on se retrouve vite avec une mini usine à gaz toxiques ! Il est donc primordial d’avoir des aérations à différents endroits et surtout différentes hauteur dans votre fourmilière, et ce afin de générer un flux d’air naturel et d’éviter la stagnation d’une poche de CO dans une partie basse de la fourmilière par exemple (le CO ou monoxyde de carbone étant plus lourd que l’air) .
Le grand défi sera , vous l’aurez compris, de maintenir une ventilation suffisante sans faire baisser l’hygrométrie !

Certaines missions scientifiques ont réalisé des moulages de nids de Atta  (visibles sur YouTube) outre le gigantisme de ces nids ( 18m de diamètre 5m de profondeur…) ce qui frappe c est l’architecture, des dizaines de chambres de la taille d’un gros ballon de foot sont disposées en alternance le long de tunnels d’une dizaine de cm de diamètre, beaucoup de ces tunnels se terminent en surface par des « cheminées » de différentes hauteurs, si le but premier de l’existence de ces tunnels semble évident, la circulation d’une chambre à l’autre, le second rôle découvert plus récemment n’en est pas moins important !

Longtemps les scientifiques se sont posé des questions sur le rôle de ces nombreuses cheminées sur les nids de coupeuses de feuilles, supposant à tour de rôle que c’était pour éviter les inondations, un système de défense face aux autres fourmis et termites, une simple accumulation anarchique de déblais… La vérité est encore plus fascinante : en effet, en construisant des cheminées de différentes hauteurs  alors que d’autres tunnels aboutissent juste à ras du sol, les coupeuses font artificiellement créer un flux d’air dans la colonie faisant entrer l’air sain en repoussant l’air vicié vers l’extérieur !
C’est un point à ne pas oublier si on maintient une grosse colonie en captivité !